Déclaration de la CGT Éduc’action CAPA PLP Hors Classe Nancy-Metz le 5 juin 2020

Cette CAPA se tient dans un contexte inédit de crise sanitaire aujourd’hui doublée d’une crise économique dont on nous annonce des effets terribles sur l’ensemble de la population. Les annonces du 27 mai annonçant pour notre académie la reprise partielle des cours en collèges et lycée à partir du 2 juin, sont encore une fois marquées par la précipitation. Depuis le 11 mai, date de réouverture des écoles, force est de constater que la plupart des élèves sont toujours à domicile. Dans notre académie en particulier, les collèges et les lycées réouvrent très progressivement leurs portes et les dernières annonces ne concernent en réalité qu’une partie des élèves. Même si les chefs d’établissement et le rectorat ont anticipé l’annonce du gouvernement, les équipes n’ont souvent pas eu le temps de se réunir et de préparer une reprise concertée et sécurisée.
Ceci est particulièrement vrai pour les lycées professionnels, dont une grande majorité d’élèves issue de milieux populaires ne reviendra pas. Ces élèves déjà défavorisé·es par la réforme de la voie professionnelle qui réduit les heures d’enseignements disciplinaires ont été plus que les autres pénalisé·es par la crise. La période n’a fait qu’exacerber et renforcer les inégalités sociales existantes. Et malgré la mise en place du lycée 4.0 dans notre académie et l’équipement informatique de tous les élèves de lycée, le nombre d’élèves « perdu·es » a été important.

Dans ces conditions il faut bien avoir conscience des limites de la situation : ceci ce n’est pas l’école pour toutes et tous ! Beaucoup d’élèves sont laissé.es sur le bord de la route de la « continuité pédagogique ». La crise a révélé qu’enseigner ne s’improvise pas et que cela ne pouvait pas se faire autrement qu’en présentiel, avec un contact humain, une interaction sociale et dans des situations d’apprentissage favorables. Bien que beaucoup de collègues aient fourni un travail important, souvent bien plus que d’habitude, ne nous trompons pas : tout enseignement à distance via des outils numériques est illusoire car source de profondes injustices sociales.
Dans ces conditions pour réussir la rentrée de septembre, dont nous ne savons pas encore réellement dans quelles conditions sanitaires nous serons, il est urgent de prendre des décisions fortes permettant un retour de l’ensemble des élèves.

C’est pourquoi nous considérons qu’il faut la préparer dès maintenant afin de se donner les moyens d’un retour à une scolarisation la plus égalitaire possible en ne laissant plus de côté une partie de la jeunesse ! Au moment où le besoin de personnels est criant pourquoi ne pas enfin décider d’un plan massif de titularisation des non-titulaires ? Les classes de nos écoles, collèges et lycées sont la plupart du temps saturés. Comment assurer une scolarité complète à la rentrée sans résoudre ce problème qui perdure depuis des années ?

Après les annonces faites pour l’apprentissage et les milliards débloqués, nous demandons, nous aussi pour la voie professionnelle, que les capacités d’accueil dans les classes de LP soient augmentées et donc des recrutements en enseignant·es.


La crise épidémique a de nouveau mis en lumière la nécessité de services publics. Depuis trop longtemps, de nombreux secteurs de la fonction publique subissent des restructurations à marche forcée, des suppressions d’effectifs, des missions remises en cause ou concédées au privé entrainant un travail à flux tendu et des conditions toujours plus dégradées.
La fonction publique dans son ensemble à travers la loi de transformation de la fonction publique d’août 2019 a subi des attaques mettant à mal le statut et détruisant les instances de représentation des personnels. Cette année 2020 est la dernière année où les commissions paritaires et la gestion des promotions se dérouleront en parité avec les organisations syndicales. Cela est d’autant plus surprenant, que le président de la République a très récemment reconnu la place nécessaire et indispensable des corps intermédiaires dans le bon fonctionnement de l’état. La période a également été celle des attaques contre les droits des agent-es : menace pour celles et ceux qui exerceraient leur droit de retrait, ordonnance injuste et inadmissible imposant des jours de congés et de RTT…sont concernés en particulier les personnels administratifs.

La question de la rémunération insuffisante des agent-e-s est aussi apparue prégnante, tout particulièrement dans les corps et cadres d’emploi féminisés dont certains corps de l’Education nationale. La réponse aux attentes des personnels ne peut se résumer à une prime ponctuelle et inégalitaire ou une médaille.
Le pouvoir d’achat des fonctionnaires est fortement attaqué depuis 2010 et l’on a peu d’espoir d’une revalorisation pourtant annoncée par le ministre. Aussi, et en lien avec l’ordre du jour de cette CAPA, pour beaucoup de collègues, la promotion de grade reste la seule possibilité de voir augmenter la rémunération. Mais les règles définies dans le cadre du PPCR font que les avis portés, concernant la « valeur professionnelle », étant pérennes, ils limitent la vision d’une carrière à un seul rendez-vous de carrière, et peuvent aboutir à une vision biaisée de cette « valeur » lourdement pénalisante pour les collègues « condamnés à perpétuité » dont certains risquent toujours de partir sans promotion à la hors-classe. A la vue de l’importance que revêt ce passage à la hors classe (salaire, retraite…) et des dysfonctionnements que nous constatons chaque année, nous revendiquons la suppression pure et simple des avis rendus.

Porteur de fortes inégalités, le déroulement de carrière des professeur-es doit évoluer. La fonction enseignante demande à être réellement considérée. Cette considération passe, entre autres, par une augmentation des grilles indiciaires. La CGT Educ’action revendique une rémunération de deux fois le SMIC en début de carrière (il est actuellement de 1,10 fois le SMIC), un doublement du traitement brut pendant la carrière, 18 échelons répartis dans un seul grade avec un avancement unique et un déroulé de carrière en 31 ans et 9 mois. La logique du salaire au mérite par la promotion hors-classe ne répond pas aux enjeux collectifs propres à l’Éducation nationale. Le clientélisme que sous-tend aujourd’hui ce système s’oppose trop souvent à une nécessaire prise en compte collective des missions d’enseignement.

Par ailleurs, nous rappelons que c’est pour cette raison que notre organisation syndicale demande l’intégration de la Hors Classe dans une grille de la Fonction Publique revalorisée, afin que tous les personnels de l’Éducation Nationale puissent accéder à l’échelon terminal maximum en fin de carrière. Nous constatons que ce n’est pas la voie retenue par le PPCR qui, rappelons-le, n’a pas fait l’objet d’un accord auprès des organisations syndicales majoritaires.

La CGT Educ’Action continue d’exiger une augmentation immédiate de l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale de 400 euros en rattrapage du pouvoir d’achat perdu. Elle revendique une classe/grade unique, avec avancement uniforme sans notion de mérite.

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