Compte-rendu de l’ audience accordée à l’intersyndicale académique le 27 septembre – académie de Nancy-Metz

Mobilisation du 27 septembre : Défense de la voie professionnelle du Lycée

Compte rendu de l’audience intersyndicale au rectorat

Présents : CGT Educ’action, SNALC,  SNUEP-FSU, SNEP-FSU , SUD

La délégation est reçue par M. le Secrétaire Général M. Bohn et par M. le Directeur de Cabinet de Mme la Rectrice , M Barth

La délégation expose les motifs de cette rencontre : réforme de la voie professionnelle générant diverses inquiétudes :

Publics mixés : problèmes de gestion des emplois du temps variés. Difficultés à réaliser un cursus pédagogique avec des élèves soit présents soit absents. Problèmes d’organisation de la formation impliquant un risque de modification de nos statuts.

L’administration se dit peu informée sur l’évolution et la mise en place de la réforme. Les recteurs doivent être réunis le 18 octobre à Paris pour informations.

Pour la question de l’apprentissage (publics mixés) : ce serait un moyen de préserver les sections dans les LP (chantage aux postes !), et un moyen de dynamiser les élèves : émulation, apport bénéfique de l’apprentissage, meilleure connaissance du monde de l’entreprise.

Aucune réponse sur la remise en cause du statut ou du risque d’annualisation avec la mixité des publics, dans la mesure où les élèves n’ont pas le même rythme d’alternance. Ils reconnaissent qu’il sera nécessaire d’adapter l’organisation à la mixité des publics.

Aucune réponse sur la problématique du maître d’apprentissage, qui ne les concerne pas.

A la question de savoir si les apprentis seront comptabilisés dans les effectifs pour l’attribution des DHG : il faut déjà que soit réglée la question du financement des apprentis qui seront dans les classes. Nous leur indiquons que des précédents ont existé dans le mixage des publics et que l’administration n’a comptabilisé que les élèves sous statut scolaire.

La délégation constate que cette réforme met en concurrence l’enseignement professionnel public avec l’apprentissage dans une vision purement dogmatique. Les enseignants des lycées professionnels outre leurs connaissances techniques et professionnelles, sont formés à la pédagogie. Cette formation a été validée par un concours et est régulièrement contrôlée par des inspections. Vous allez placer des élèves face à des formateurs dont vous ne pouvez garantir les qualifications pédagogiques. Rien n’est inscrit dans cette réforme. C’est méconnaître le monde de l’entreprise et les réalités de l’apprentissage. L’administration répond qu’il n’y a pas de concurrence avec l’apprentissage qui aurait d’ailleurs de meilleurs taux de réussite. Elle envisage à mots couverts la mixité des parcours aussi : il est normal que les LP préparent à l’apprentissage ou récupère les apprentis en rupture de contrat au gré des besoins. Nous leur faisons remarquer que ce taux très légèrement supérieur s’explique par la rupture de près de 40% des contrats lors du premier semestre. Ce qui sélectionne fortement les apprentis se présentant à l’examen. Dans nos LP nous accueillons et faisons réussir tous les élèves sans aucune sélection. Il est donc impossible de comparer ces chiffres !

La difficulté de la cohérence pédagogique avec la mixité des publics n’est pas un obstacle : les PLP savent gérer toutes sortes de difficultés : ce sont des innovateurs pédagogiques !

Les grilles horaires parues sont inquiétantes car il y a réduction d’environ 15% de l’enseignement général. Les poursuites d’études seront plus difficiles pour nos élèves de même que les adaptations aux évolutions professionnelles.

Nos interlocuteurs ne semblent pas connaître les grilles (faut-il en rire ?) mais affirment que les dotations des LP ne seront pas amputées et que les heures seront conservées (pour la co-animation notamment), (tiens ils sont au courant de la co-animation !) malgré les baisses des horaires élèves. Ils ne sont pas en mesure, d’ailleurs, de garantir que les heures  co-animées, seront comptabilisées pour une heure pleine pour chacun des enseignants. Le maintien des DHG est difficile à croire en période de restriction budgétaire !! Cette affirmation est en contradiction avec les propos tenus sur la suppression des postes. M Bohn reconnait qu’il y aura des suppressions de postes dans notre académie ! Suppression et maintien des DHG : ce serait nouveau !

Pour l’administration, la co-animation est une avancée pédagogique. La délégation fait remarquer que la co-animation existait dans le PPCP et que le rectorat n’a jamais donné les moyens horaires de cette co-animation. Quelles garanties peuvent-ils nous donner cette fois ci ?

L’administration trouve normal que les horaires des élèves baissent en enseignement général et professionnel : trop d’heures, pas vraiment efficace, ni utile pour les élèves des filières professionnelles. La délégation fait remarquer que cette analyse nous entraîne vers un enseignement purement utilitariste. L’important c’est de former les jeunes pour qu’ils trouvent du travail car le problème majeur c’est le chômage massif des jeunes.

Sur la question de la culture générale et la double finalité du bac pro, à savoir l’insertion professionnelle et la poursuite d’études : il apparaît clairement que les bacheliers pro n’ont pas vocation à faire des études supérieures en dehors du BTS pour lequel 200 places supplémentaires cette année dans l’académie ont été créées. Leur permettre d’accéder à d’autres études c’est les envoyer à l’échec !

La délégation fait remarquer que les entreprises souhaitent aussi des jeunes capables de s’adapter aux évolutions technologiques des métiers. Pas de réponse à ce sujet. Nous leur faisons remarquer également que cette analyse ne tient pas compte de l’origine socioculturelle des élèves de la voie professionnelle. La réduction des horaires limite gravement les possibilités de poursuite d’étude. Nous évoquons également la spécificité de la voie professionnelle qui enseigne des savoirs comme les autres filières mais également des savoirs faire dont l’acquisition nécessite de longues heures de pratique à l’instar des sportifs de haut niveau.

Pour les classes passerelles : elles n’offrent aucunes garanties d’entrée en BTS et ne débouchent sur aucune qualification. L’académie a obtenu des moyens pour 4 ou 5 classes passerelles mais très peu d’élèves sont inscrits pour l’instant, à peine une vingtaine. L’administration reconnaît que peu de publicité a d’ailleurs été faite par l’institution.

A propos de la seconde découverte professionnelle : La DAET travaille sur les familles de métiers mais encore rien de très défini pour l’instant. Tous les établissements ne pourront pas proposer des familles de métiers. La délégation fait remarquer qu’il y a donc un risque de voir de nouvelles fermetures d’établissements ! L’administration nous répond que la carte des formations doit être revue car notre académie compte trop de LP. De plus la baisse démographique va obliger à des fermetures.

Idem pour le nombre de suppressions de postes qui sera lié à la démographie en baisse. Tout se fait à moyens constants : si ouverture à un endroit, il y a forcément fermeture ailleurs ! Question d’équilibre sur le territoire. Mais la gestion se fait en fonction des débouchés dans l’emploi en lien avec la demande des branches.

Pour la filière GA : semble apprendre la volonté ministérielle de réduire les flux des élèves de 50%.

Dans tous les cas, il y aura des mesures d’accompagnement pour les enseignants concernés.

De manière générale, l’administration considère comme rétrograde et d’un autre temps les considérations suivantes que nous avons défendues :

– la formation professionnelle sous statut scolaire n’a pas que pour vocation l’insertion professionnelle mais aussi l’éducation,

– l’éducation nationale n’a pas à se soumettre uniquement aux besoins des branches professionnelles

– le nombre d’heures de cours contribue à la qualité de la formation et à la réussite des élèves

– les effectifs par classe contribuent à la réussite des élèves.